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Réconciliation avec les autochtones

Bâtir des ponts entre Amherst et Kitigan Zibi

Depuis plus de deux ans, élus d’Amherst et représentants anichinabés de Kitigan Zibi, la réserve amérindienne située près de Maniwaki, s’apprivoisent mutuellement.

Avant : Lionel Whiteduck (aîné anishinabeg de Kitigan Zibi) et Louise Royer (membre du CA, SOPABIC). Arrière : Suzanne Bourdon (conseillère en communications et affaires autochtones), Roland Tremblay (archéologue), Jean-Guy Galipeau (maire d’Amherst), Denis Chabot (chargé de projet, futur Centre d’interprétation du territoire d’Amherst) et Sylvain Généreux (co-fondateur, Gardiens du patrimoine archéologique des Hautes-Laurentides). 
(Photo – Véronique Piché)

De Véronique Piché.

Jean-Guy Galipeau, maire d’Amherst, reconnaît que les premiers efforts de rapprochement entrepris plus de deux ans auparavant avec la communauté anichinabée (algonquine) de Kitigan Zibi n’étaient pas au départ motivés par une démarche de réconciliation des peuples.

« Je l’ai toujours dit et je le répète, notre futur centre d’interprétation de l’histoire, ce n’est pas juste pour ma petite localité, ce serait stupide, mais pour la région en entier. Il faut regarder au-delà des frontières municipales et aussi s’ouvrir aux autochtones, dont les ancêtres ont occupé le territoire bien avant l’arrivée de nos ancêtres à nous », exprime-t-il.

Visite à Kitigan Zibi

Récemment, afin de préciser une entente de prêt d’artefacts qui seront exposés au futur centre d’interprétation d’histoire à Amherst, M. Galipeau et Denis Chabot, chargé de projet, ont été reçus par le conseil des aînés de Kitigan Zibi. Cette visite en terres algonquines était la seconde pour M. Galipeau, qui avait d’abord été reçu par l’ancien chef, Jean-Guy Witheduck.

« Nous sommes entrés au centre culturel du côté est. Il y a eu entre autres une cérémonie de sauge brûlée et tous les aînés se sont présentés, un à un, sans que personne ne coupe la parole à l’autre. D’ailleurs, je retiens de mes échanges avec eux qu’ils sont énormément à l’écoute. À la fin, Denis et moi, nous sommes ressortis par la porte ouest », raconte-t-il.

« Sincèrement, c’était très émouvant de vivre cela. En ce qui me concerne, c’était une journée mémorable et je me suis senti privilégié de pouvoir vivre cet instant », exprime la maire d’Amherst.

L’an dernier, afin de souligner la Journée nationale des peuples autochtones, le maire avait organisé à sa résidence personnelle la levée du drapeau de la communauté anichinabée de Kitigan Zibi, et ce en présence de Douglas Odjick, membre du conseil de bande. Il considère que cet événement a été le début d’une relation sincère avec ses homologues.

« Il y a 35 ans, quand j’ai trouvé un artefact en travaillant dans mon petit potager, je savais que je détenais une clé importante qui permettrait d’ouvrir une porte vers le passé du territoire », relate-t-il. Cette tête de hache en pierre, il sait aujourd’hui qu’elle date de plusieurs millénaires. Il sait aussi ne pas être le seul à avoir trouvé de tels artefacts dans la région.

« Les autochtones étaient là bien avant nous. » – Jean-Guy Galipeau, maire d’Amherst

« J’ai été chanceux : j’ai grandi à une époque où on parlait anglais, français et algonquin, tout en même temps. C’est comme s’ils avaient oublié de nous dire qu’il y avait une différence entre ces langues », raconte Lionel Whiteduck, aîné anichinabé, à propos de son enfance. L’homme s’est déplacé à Huberdeau, fin juin, dans le cadre d’une séance de recensement de découvertes archéologiques fortuites, un événement orchestré par la municipalité d’Amherst, en collaboration avec celles d’Arundel, de Brébeuf et d’Huberdeau.

Whiteduck s’est étonné d’une pièce archéologique très ancienne apportée par un citoyen d’Arundel. « Comme être humain, peu importe ton origine, trouver quelque chose qui vient du passé, c’est tellement spécial. Aujourd’hui, on est dans un monde de consommation : on crache des poubelles et on remplit des dépotoirs. Une pièce archéologique comme celle-là, qui vient d’une période où on avait très peu de choses, c’est précieux », a-t-il dit.

S’il a parlé sans filtre de la vie d’aujourd’hui à Kitigan Zibi, Lionel Whiteduck n’a pas caché les difficultés historiques que les autochtones ont dû et doivent toujours surmonter. Il a refusé que ses propos soient associés à la sagesse.: « Je pense que chaque génération devrait réécrire l’histoire, et ce n’est pas moi qui ai dit ça. »

Galipeau souligne que la section du futur Centre d’interprétation d’histoire à Amherst qui portera sur les Anishinabeg et leurs ancêtres sera créé par les gens de Kitigan Zibi, « parce que ce n’est pas vrai que ce sont les Blancs qui raconteront leur histoire. »

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